Il faut bien gagner sa vie!

Karen était arrivée à Miami depuis maintenant trois semaines. Les premiers jours elle avait cherché un job car elle ne pourrait pas tenir longtemps presque sans argent. Elle ne pouvait plus compter sur l'argent de ses parents. Et pourtant eux n'en manquaient pas!... Un brin de nostalgie passa dans son regard en pensant à sa famille qui vivait tranquillement dans une maison confortable. Elle avait dépensé presque tout ce qui lui restait pour louer un petit studio dans un endroit pas trop fréquentable du quartier.

Quand la jeune fille avait constaté qu'elle ne trouvait aucun jon, elle avait décidé de faire avec ce qu'elle avait : son corps. Et, de ce côté-là elle avait quelques atouts. La première fois qu'elle avait raccolé ce fut un peu dur... quelques hésitations quand elle s'était retrouvé au motel avec son client. Mais finalement, elle s'y était faite. Et là ce soir, Karen se sentait à l'aise. Elle se débrouillait assez bien jusque là et elle n'avait pas eu d'ennui ni avec la police ni avec un quelconque mac qui aurait voulu la prendre sous sa coupe.

On était en fin d'après-midi. Le temps était agréable. Karen était vêtue d'un petite jupe très courte mettant en valeur ses longues jambes, d'un haut très moulant qui faisait ressortir sa poitrine bien galbée, des chaussures avec des talons de 6 à 7 centimètres qui allongeait encore un peu plus sa silhouette. Elle s'était soigneusement maquillée, renforçant le teint déjà mat de son visage. La jeune femme arpentait le trottoir, un petit sac pendant en bandoulière à son épaule.

Vice’s Street est vraiment la rue la plus incroyable de Miami. Les filles qui la bordent sont autant de parfums de glace appétissants, parmi lesquels il est difficile de faire son choix. Bon, ne nous leurrons pas, ce sont quasiment toutes des filles déjà bien fatiguées et avachies par le poids de la culpabilité, mais elles n’en restent pas moins un bouquet charmant.

La nuit est douce et belle, parfaite pour une petite observation. Voici quelques jours déjà que j’essaie de saisir qui tire les ficelles de ce commerce de chair. Il m’a semblé qu’à 95%, les jeunes filles ici présentes sont sous l'égide de petits macros qui travaillent tous pour Sanchez. Il a la main lourde ce vieux Tony... Mais qu’en est-il des 5% restant que je ne vois pas remettre leur recette le soir ?

Alors que je progresse dans les rues encombrées de vieux pervers, je remarque, un peu plus loin devant moi, une jeune fille qui ne ressemble pas aux autres. Elle ne doit pas être dans le métier depuis extrêmement longtemps, elle n’a pas encore le regard usé de toutes les autres.
Je m’avance vers elle, décidé à en savoir plus. Est-elle une 95% ou une 5% ?

- Bonsoir mademoiselle, dis-je de manière décontractée.

Interpellée, Karen se retourna. Elle aperçut à deux ou trois mètres d'elle un jeune homme dont elle avait un peu de mal à définir dans quelle catégorie le classer. Il ne ressemblait pas au genre d'homme qui recherchait les prostituées pour aller passer un moment au motel ou dans un coin sombre de la rue. Et puis il l'avait appelée "mademoiselle"! Etait-ce ironique de sa part? Il paraissait assez jeune, pas une allure de jeune homme de bonne famille... Non, s'il n'avait pas eu un visage si jeune elle l'aurait bien classé dans la catégorie des chefs de gang. Peut-être le lieutenant d'un de ces gangsters qui régnaient sur la ville ... enfin sur ses quartiers chauds.

Venait-il pour repérer les filles qui travaillaient dans la rue? les surveiller? récupérer la recette de la soirée? Ou alors n'était-ce qu'un passant qui la trouvait peut-être trop bien ou trop jeune pour travailler sur le trottoir? Elle s'approcha de lui, de sa démarche chaloupée, perchée sur ses chaussures à talon, faisant bien onduler ses fesses. Elle se décida malgré tout à le considérer comme un client possible.

"Bonsoir Beau gosse... tu te sens un peu seul ce soir?... je peux peut-être arranger ça?..."

La jeune beauté s'adresse à moi et je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire charmeur. Je crois bien que c'est un automatisme chez moi.
Seul ? Pas une seule fois dans ma vie je ne me suis senti seul. Il y a toujours tant de choses à faire dans une ville, comment s'ennuyer ou se sentir seul dans un si grand terrain de jeu ?

Je réponds tout de fois à l'opposé de ma pensée

- Ca se pourrait bien... Mais dis moi, quels sont tes tarifs au juste ?

Le jeune homme avait un sourire particulièrement charmeur et attirant. Si Karen n'avait pas été en ce moment en train d'essayer de gagner sa vie et de trouver un client... elle aurait bien aimé le rencontrer dans d'autres circonstances. Mais il lui fallait gagner de l'argent. Elle n'avait plus grand chose et elle ne pouvait rien espérer de ses parents. Ce n'est pourtant pas l'argent qui leur manquait! Et s'il la voyait en train de raccoler sur un trottoir de Miami son père en aurait une attaque. Et il oublierait définitivement sa fille en train de déshonorer son nom ... cela ferait mauvais effet si cela se savait!

Mais elle oublia tout ça. Ses pensées s'éloignèrent de sa famille et revinrent vers le jeune homme. Et décidément elle trouvait qu'il n'avait pas l'allure d'un client. Mais parfois on peut se tromper. Et il ne s'agissait pas de laisser passer les occasions. S'il avait de l'argent....

"Mes tarifs? eh bien ça dépend ce que tu veux... si on va au motel ce sera 100$..."

D'après ce que je peux constater, cette jeune fille pratique des tarifs moins élevés que la moyenne. Il y a donc des chances qu'elle soit effectivement en freelance, les autres filles demandent toujours des prix exorbitants pour etre sûres qu'il leur reste encore assez d'argent après avoir payé leurs macros.

- Une aussi jolie jeune fille qui demande si peu d'argent, c'est mon jour de chance on dirait !

J'espère qu'elle me donnera d'autres informations sur sa situation. J'ai besoin de savoir comment Sanchez recrute ses macros et comment les macros recrutent leurs filles. Cette jolie brune a t elle déjà été recrutée par quelqu'un ? Par qui ? Et comment ?
J'ai l'impression que plus j'en saurais sur Tony Sanchez, mieux je serais à même de le renverser.

Karen se disait que l'homme qui l'avait abordée semblait plutôt satisfait des tarifs qu'elle pratiquait. Ce serait super qu'elle tombe sur un client comme lui. Elle avait absolument d'argent et en plus il était jeune et pas mal foutu comme mec. C'était peut-être son jour de chance. Car il y avait de tout dans ceux qui l'abordaient et il ne fallait pas toujours être trop regardante. A le voir il devait avoir le blé pour se payer un moment avec elle.

"Je travaille comme indépendante... alors je peux me permettre d'être un peu moins cher... tu viens souvent trainer par ici... tu connais des filles qui travaillent dans le quartier? Moi, ...je viens d'arriver... "

Karen observait l'homme. Et plus elle le regardait plus elle se disait qu'il n'avait décidément le style à passer ses soirées à se trouver une pute... Mais bon... il était peut-être de passage... et il s'ennuyait....Elle lui fit un clin d'oeil...

"Alors ... intéressée? on va au motel passer un moment tous les 2?"

La jeune fille est vraiment charmante et ses propositions ne me laissent pas indiférent. Je me plonge dans son regard et m'approche alors d'elle jusqu'à me retrouver à plus que quelques centimètres de son corps. Je saisi alors doucement son joli visage entre mes doigts pour mieux l'admirer, et je souris de plus belle.

- Quel est ton prénom ? lui demande-je d'une voix calme

Il s'était approché tout près d'elle et venait de lui prendre le visage dans les mains. Karen frissonna un peu. Elle se demandait brusquement si elle devait lui faire confiance. Faire le trottoir dans les rues de Miami pouvait aussi comporter quelques risques. Et si ... s'il cachait bien son jeu? Si c'était un malade qui se donnait une apparence? Ou... ou bien si c'était tout simplement un petit malfrat de la ville? Et s'il repérait ses proies pour les faire travailler pour son compte à lui? ou pour le compte de son patron?

Karen blémit un peu, avala difficilement sa salive puis lui répondit ...

"Je m'appelle Karen... alors... décidé ou pas?"

Je la sens trembler entre mes doigts et remarque qu'elle est confuse. La pauvre, elle ignore que j'adore ça, ce sentiment de puissance que j'acquiers lorsque je déstabilise mes proies. Plus je la sens faiblir, et plus je me sens attiré par elle.

- C'est un très beau prénom, il te va à merveille.

Alors que je continue à la dévisager sans répondre à sa proposition, elle recule de plus en plus, jusqu'à rencontrer le mur derrière elle. A présent qu'elle y est adossée, elle ne peut plus reculer. J'aime la sentir piègée, petite souris sans défense entre mes griffes de félin. Je m'approche encore plus près d'elle, j'appuie mon bras gauche contre le mur, de manière à l'encercler carrément, et, toujours sans décrocher mon sourir mi-charmeur, mi-sadique, je vais froler ses lèvres des miennes tout en lui murmurant :

- Tu devrais faire attention petite souris, les chats sont nombreux dans cette rue, et si tu n'y prends pas garde, ils pourraient bien te manger toute crue.

Je glisse alors une liasse de dollars dans son décoleté, effleurant délicatemment sa poitrine, puis recule en marche arrière jusqu'à disparaître dans une ruelle sombre.
Cette fille était terriblement séduisante, mais je ne suis pas venu ici pour me payer du bon temps. J'ai obtenu les informations que je voulais, je dois maintenant rentrer au QG, il reste tant à faire...

Karen a reculé, un peu effrayée de se trouver devant cet homme qui l'observe et lui semble s'amuser avec elle. Que lui veut-il véritablement? Son coeur commence à battre à toute vitesse. Elle n'a encore jamais ressenti cela... la panique n'est pas loin.

La jeune fille se dit qu'il faut qu'elle se resaisisse. Sinon il vaut mieux qu'elle arrête tout de suite. C'est l'inconvénient d'opérer en indépendante. La plupart des filles du secteur ont leur "protecteur"... et, comme son nom l'indique, celui-ci les protège des mecs qui leur chercheraient des ennuis. La contrepartie, car il y en a une..., c'est qu'elle ne gagne pas beaucoup d'argent et que leur "protecteur" leur pique presque tout!

Alors que Karen était en train de repasser tout ça dans sa tête l'homme l'enserre dans ses bras avec un sourire indéfinissable. Il frôle ses lèvres avec une légéreté incroyable et sensuelle. Et voilà qu'il lui conseille d'être prudente... de se méfier des mauvaises rencontes ... Il a déposé de l'argent entre ses seins avant qu'elle ait eu le temps de dire quoi que ce soit...

"Attendez!... ne partez pas si vite!... reviens..."

L'esprit très troublée elle utilise successivement le vouvoiement et le tutoiement. Elle ne sait pas ce qui la trouble le plus.... la panique qu'elle a eu pendant quelques instants... le fait qu'il lui ait donné cet argent sans rien demander... ou tout simplement l'émoi qu'elle ressent face à cet homme, son physique et son charme...

Mais il a déjà disparu dans l'obscurité de la rue. Karen est maintenant plus calme. Son pouls commence à se régulariser. Mais elle ressent une pointe de déception de ne pas en savoir plus sur cet homme...Le reverra-t-elle?

» Quand il le faut...
» Se poser? Faut croire... [Pv : Dani]
» Quand il faut aller chercher Maman... [Pv : Daisy]